Historiquement et très rapidement en Occident ; le clitoris était volontiers abordé durant le Moyen-Age.
Pensant que la plaisir féminin avait un rôle dans la reproduction, le corps médical proposait même des manuels pour s’en servir.
Jusqu'à la Renaissance, seule la partie visible du clitoris est connue.
Ensuite, en pratiquant la dissection, les médecins-anatomistes découvrent petit à petit la forme du clitoris;
la partie extérieure, ainsi que la vaste partie intérieure,
mais on découvre également que le clitoris n’est pas utile à la reproduction.
Ce savoir demeure ainsi aux mains d'une sphère très privée.
Pour le reste de la société en revanche, le plaisir féminin et la pratique de la masturbation sont des sujets tabous,
et bien souvent suspectés des pires maux.
On prête alors à cet organe toutes sortes de dangers et de maladies :
l'hystérie, l'imbécilité, l'épilepsie, l'aliénation, la folie, la mort prématurée, le lesbianisme et tout autre comportement déviant.
A une époque où l’hystérie fascine, pour ”guérir” de cette pathologie, on préconisait toutes sortes de méthodes archaïques
et entre-autres, le massage vulvaire chez le docteur, ou encore, l’excision...
Vers 1920 Sigmund Freud développe le concept de psychanalyse.
Il conçoit l’organisation de la sexualité chez la femme autour de la frustration de l’absence de pénis
et déclare que l’orgasme clitoridien chez la femme est infantile.
Il affirmait que le plaisir clitoridien est le fruit d’une névrose
et que les femmes qui s’y adonnent sont des immatures ou des déviantes.
La psychanalyse fait un tabac à cette époque et certaines théories de Sigmund Freud sont venues empoisonner durablement les esprits.
Même Françoise Dolto n’échappa pas au mythe de la femme mature qui doit renoncer à son clitoris,
elle écrit vers 1980: « Il est de toute importance que la fille fasse son deuil de ses fantasmes masturbatoires clitoridiens (...)
La solution, c’est l’investissement vaginal ».
Avec l’apparition de la pilule contraceptive et l’après Mai 68, nous assistons à une libération sexuelle.
Au départ sous l'allure d'une revendication militante, elle devient progressivement la forme d'une démocratisation plus souterraine.
Dès lors que les formes de sexualité non reproductives ne représentent plus une menace pour l'avenir des sociétés humaines,
elles deviennent plus libres et diversifiées.
Ce courant amène avec lui plus de permissivités, tantôt positives
à l'égard de l'homosexualité par exemple qui petit à petit devient reconnue et acceptée,
mais aussi, mai 68 et ses slogans tels que: « Il est interdit d’interdire », « Peace and Love », « Faites l'amour pas la guerre »,
« Jouir sans entraves », ... a pu favoriser certains climats d'abus sur les femmes et les enfants.
(Des propos tels que ceux de Daniel Cohn-Bendit ou des livres tels que ceux de Gabriel Matzneff et ses penchants pédophiles
étaient protégés par des politiques, des éditeurs, des journalistes,
médiatisés et publiés sans que la justice n'intervienne.
En 1986, le premier témoignage télévisé d'une victime d'inceste, Eva Thomas, suscitait des réactions sidérantes,
sans même que les associations de défense de l'enfance et de la famille ne protestent. :-(
La révolution sexuelle s'accompagne aussi d'une « révolution de droit » par lesquels les femmes acquièrent progressivement une égalité législative,
l'obtention du droit de vote et par là, la possibilité de pousser aux réformes qui les concernent,
le droit à la contraception et le droit à l'avortement, les prémices de l'égalité au sein du couple.
Malgré ces progrès, la sexualité des couples hétérosexuels, n'est abordée que sous l'aspect d'une sexualité pénétrative et phallocentrée.
Le clitoris demeure un sujet tabou et les connaissances autour de cet organe sont nulles
auprès du grang public, et même pour le corps médical !
Le sort dédié aux femmes se cantonne au mariage afin d'être de parfaites mères et femmes au foyer.
Il a fallu attendre 1998, pour que l'urologue Helen O'Connell divulgue au grand jour la forme en entier du clitoris,
dans le but d'améliorer la santé sexuelle des femmes.
Elle amorce ainsi le débat autour de la connaissance et de la représentation de cet organe.
Et ce n'est qu'en 2017, que le clitoris est apparu dans nos manuels scolaires, de science et de médecine ...
Auparavant, l'éducation sexuelle des femmes et des jeune filles,
n'était vue que sous le prisme du système de reproduction
et éventuellement agrémenté d'informations sur les menstruations.
...
A l'aube du XXI è Siècle, j'avais recherché un livre pour ma fille,
pour pouvoir lui expliquer son anatomie sexuée.
Je n'ai pas trouvé ce livre car il n'existait tout simplement pas.
Dans une société alors essentiellement phallocrate et patriarcle,
et dans un monde adulte qui négligeait encore tant le droit de l’enfant et le plaisir féminin,
il n’était pas étonnant de n'avoir rien trouvé sur l'organe du clitoris pour les petites filles.
A l'inverse du petit garçon qui avait droit à des informations et explications correctes et précises
concernant son anatomie sexuée, la petite fille n'en n'avait pas.
Le garçon était pourvu d'un organe sexuel, la petite fille en était dépourvue.
De ce constat est né notre premier tome "Eléphantine veut tout savoir sur sa zézette".
...
De nos jours, suite et grâce aux scandales #metoo et autres,
on voit émerger de plus en plus d'associations qui visent à informer et protèger les femmes et les enfants.
Avec le désir d’une sexualité adulte épanouie quel que soit son genre et où le consentement prend une place majeure.
Ainsi, peu à peu le rôle du clitoris est réhabilité.
La reconnaissance de la diversité des genres, ou non-genre,
commence également à poindre son apparition.
Enfin !
...
"N'oublions jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse
pour que les droits des femmes soient remis en question.
Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant."
Simone de Beauvoir
Simone de Beauvoir sur la condition des femmes en 1967 - archivesRC
La révolution des sexes par les tâches ménagères en 1975 - #CulturePrime
Avancées clitoridiennes que nous devons notamment :
- Au médecin anatomiste Kobelt publie en 1844 une description détaillée du clitoris et souligne l'importance mineure du vagin dans le plaisir féminin.
Mais l’avancée des savoirs anatomiques sur l’organe ne se reflète pas dans les productions destinées à un large public.
- A William Masters et Virginia Johnson qui étudient aux Etats-Unis la sexologie sur base de l'observation directe d'hommes et de femmes ayant un rapport sexuel.
Ils viennent briser pas mal de tabous et publient conjointement en 1966 et 1970, deux ouvrages: « Human Sexual Response » et « Human Sexual Inadequacy ».
- A la Doctoresse en urologie au Royal Melbourne Hospital, Helen O'Connell qui recherche de 1998 à 2005
à décrire l'anatomie du sexe féminin avec une traduction en profondeur. Plus d'un siècle après l'avoir banni,
elle complète la descrption de Kobelt par les IRM et les photographies de dissections dans le but d'améliorer la sexualité des femmes.
Ces recherches suscitent d’une part la production de nombreux supports de diffusion de connaissances concernant l’anatomie de l’organe,
et d’autre part un regain de recherches concernant cet organe.
- Au documentaire "Le Clitoris, ce cher inconnu" en 2004
- Au livre "La revanche du clitoris" de Maïa Mazaurette et le Dr Damien Mascret analysent les raisons de cette étrange excision culturelle en 2008.
Avec pédagogie et humour, et proposent des pistes très concrètes pour partir à la redécouverte d'un petit bout de matière.
- A Odile Buisson, gynécologue obstétricienne, qui poursuit les recherches sur l’anatomie du clitoris et réalise en 2004 une série d'échographies en 3D
de coït avec des couples volontaires, elle publie en 2011 son livre: Qui a peur du point G? Le plaisir féminin, une angoisse masculine.
Elle y dénonce que les études de médecine sexuelle sont machistes qui pénalisent les femmes, et convie femmes et hommes vers un épanouissement sexuel paritaire.
- Au livre de Jean-Claude Piquard en 2013: ”La Fabuleuse histoire du clitoris.”
- Aux illus de Emma, jeune développeuse web et dessinatrice engagée qui nous invite à découvrir ou re-découvrir
ce petit organe sur sa page web en 2016 également.
- A Odile Fillod, chercheuse indépendante en sociologie des sciences et spécialiste des questions de sexe, qui a réalisé en 2017
un clitoris en trois dimensions, afin de «montrer concrètement à quoi ressemble cet organe dont l’anatomie
est généralement méconnue ou mal comprise», elle créé le site Clit'Info
- Au reportage RTS Santé en 2017: Entre plaisir et santé: que savez-vous du clitoris?": film 36.9° #RTSsanté
En 2013 j’avais envoyé le manuscrit du livre d’Eléphantine (notre premier tome) à une cinquantaine d’éditeurs,
les quelques éditeurs qui m’ont répondu ont tous utilisés la même formule toute faite:
”Le sujet du livre n’entre pas dans notre ligne éditoriale”, rien de plus.
En 2017, lorsque j’ai ré-envoyé le manuscrit à une cinquantaine d’éditeurs,
j’ai pu constater une évolution dans les réponses,
somme toutes négatives, elles étaient accompagnées cette fois d’encouragements et de félicitations.
Grâce aux avancées qui avaient été faites sur la connaissance que nous avions du clitoris, le livre devenait à leur yeux crédible!
Nous avons finalement auto-édité nos livres avec l'aide d'un crowdfunding
qui nous a fait connaître de nos contributeurs et de nos partenaires
grâce à qui nos livres ont pu voir le jour et qui utilisent nos livres dans leurs animations et formations EVRAS.
Films, animations et documentaires
& Autres liens qui ont appuyé ou inspiré nos démarches